Un mois a passé. J'ai cicatrisé l'histoire - ou presque?
Je suis toute la journée au chu, je me prépare à ma vie d'interne. Le soir je vais courir, je sors, je pleure aussi les jours où rien ne va. Genre
je n'y arriverai jamais je ne suis pas à la hauteur moi interne dans deux mois? ha laissez-moi rire et
il me manque il me manque il me manque mais n'y pense pas. Je ne m'attarde pas trop sur hier, j'ai même tellement de projets que je donne le vertige à ceux qui m'écoutent. C'est juste que ces projets se font et se défont au gré de mon humeur... Et de mon courage?
(pour affronter ce qui vient)
Le choix n'est pas fait encore, je peux tout mais au fond je ne sais pas. J'avais tellement imaginé cet été - tellement imaginé mon avenir à ses côtés.
Trop vite peut-être?
Je voulais rester, pour lui, pour ma famille, pour A. qui s'imagine bien s'installer dans la région. Parce que j'aime la ville où je suis née, que j'y ai mon équilibre. Et puis je connais le chu, les services où il faut ou non passer, je sais que l'internat de médecine générale offre une bonne formation, que je pourrais faire pédiatrie sans problème (si ce n'est qu'il sera mon co-interne... puis mon chef de clinique d'ici deux ans... vous avez dit
inconfortable?).
Mais je ne suis plus sûre de vouloir pédiatrie. Parce que la pédiatrie de ville pourra se faire aussi bien par les MG, que l'internat dure 4 ans (au lieu de trois en MG) avec des horaires et un rythme de gardes éprouvants et qu'après six années de fac ça commence à faire long, parce que la pédiatrie hospitalière ne me tente pas plus que ça (rajouter un master 2 et deux années de clinicat... publier, se faire connaitre, avoir les bonnes relations, re-concours pour un poste de PH, incertitude quant aux postes encore disponibles à la fin de ma formation... à ce rythme j'y suis encore à 30 ans et où je case la famille à laquelle j'aspire - le mari que je ne connais pas encore et les enfants?...).
Je ne suis plus sûre de vouloir rester, à bien y réfléchir. Rester pour quoi, maintenant que nous ne sommes plus ensemble? Le croiser tous les midis, me souvenir de nous à chaque coin de rue, le coeur serré des habitudes que l'on avait prises, même si j'avance chaque jour - je ne fais que ça
avancer...
Trop de souvenirs dans les rues de ma ville. Trop d'histoires anciennes, lui et d'autres - peut-être qu'il est temps de laissser tout ça derrière moi, mettre de la distance. 483 km exactement.
...
C'est un pari à faire, la promesse de nouvelles rencontres. Une ville dynamique, une région sympa. Un chu plutôt réputé, une bonne formation en médecine générale, un internat qui brasse des personnes de toutes les villes de France, des périphériques en bord de mer...
Je serai toujours chez moi ici, je pourrai toujours y revenir, plus tard. Mais ces derniers temps j'ai des envies d'ailleurs. Trop de rues trop de trajets mille fois empruntés trop de sentiments qui remontent au détour des chemins des restaurants des magasins...
Peut-être qu'il est temps d'élargir le cercle, partir à l'aventure puisque rien ne me retient. Mettre un peu en danger ma bulle...
Jeter une pierre et regarder les cercles se former et grandir.