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Contradictions

Semaine éprouvante. Parfait exemple de ce qu'est ma vie depuis deux mois, depuis l'internat.

Lundi 11

Dans le train pour Paris. Je ne sais pas ce qui vient. Les grandes lignes. J'appréhende. Quelle va être ma réaction? Besoin de suivre les choses du début à la fin. La voir une dernière fois - la toucher? Besoin de rendre les choses plus réelles. Je connais déjà la mort. Mais l'autre, à l'hôpital. Pas celle d'un être aimé. Envie de lui dire au revoir. Me confronter à sa mort, parce que dans un sens depuis une semaine je fais comme si. Comme s'il y avait seulement la distance, qu'elle pouvait être au bout du fil, si j'appelais.

...

Mercredi 13

Le train à nouveau, retour à ... Une grande lassitude dans tout le corps. Dés demain pourtant, retrouver le chemin de l'hôpital, vendredi le tonus (et ce sketch qui n'est pas prêt...), achats de Noël ce week-end, une garde lundi... Pas le temps de s'arrêter, ne pas penser. C'est plus facile comme ça? Je ne sais pas. Elle me manque, elle nous a tellement manqués. C'était elle que l'on fêtait, pour elle que nous étions réunis, la grande maison pleine à nouveau, de la tristesse et puis des rires à se souvenir de. J'ai pleuré, pleuré mon chagrin de la voir trop tôt partie, pleuré pour J. et ... qu'elle laissait seuls, un peu pour G, j'ai pleuré et je lui ai dit au revoir. Au revoir ma tante chérie, au revoir à bientôt... Nous avons tous regardé le cercueil partir doucement, le feu a fait son oeuvre, quand nous t'avons retrouvée tu étais cendres, cendres dans une urne. J. t'a portée, que tu devais lui sembler lourde, petite mère dans ses bras. J'ai admiré son courage, celui de .... Comme les autres j'ai jeté des fleurs près de toi, des violettes, tu les aimais a-dit C.
Je t'ai toujours vue dans ton jardin, à planter et soigner tes fleurs, ou dans la cuisine à t'affairer, parler, rire, te disputer. J'ai du mal à croire que tu ne seras plus jamais là, si je ferme les yeux je peux te voir encore, sourire, me raconter les nouvelles, me conseiller, m'encourager. Tu étais là il y a deux mois, tu étais là cet été quand j'ai eu besoin d'un endroit pour l'oublier, d'une épaule. A toi je pouvais faire des confidences, raconter ma vie par épisodes. Et aujourd'hui tu aurais disparu? Aujourd'hui ton coprs devenu cendres, poussières, et ton âme, ton âme... Apaisée j'espère, aujourd'hui tu ne souffres plus.
Je pensais que te voir, te toucher - tu étais douce, tes doigts si froids - je pensais que cela me ferait réaliser ta mort, mais même aujourd'hui une partie de moi n'y croit pas. Si je reviens à ... dans un mois, deux, je te trouverai peut-être, dans le jardin ou la cuisine, et tu me souriras?...
C'est un rêve insensé, je sais bien ce qu'est la mort pourtant, et j'ai vu le vide que tu as laissé, surpris les larmes sur des visages que je n'avais jamais vu pleurer. J'ai vu ton corps reposer, visage de cire, et vu tes cendres déposées dans la tombe, je t'ai aimée fort à cet instant, plus encore, que tu sentes la chaleur autour de toi, l'amour de tous ceux qui étaient là, et que tu ne te sentes pas seule.
Je te le dis encore, où que tu sois, au revoir, au revoir à bientôt.
Je t'aime.

Jeudi la fatigue, le contre-coup, le froid, le manque de sommeil, retour dans le service et une matinée à me battre avec des mouchoirs entre deux patients. Ne vous inquiétez-pas m'sieurs dames, l'interne est opérationnelle... Un peu de paracetamol et une clémentine pour la vitamine C, une sieste dans une chambre de garde et espérer que ça passe.

Hier, journée plus calme dans le service, ai fait le plein de rire. Le soir, départ pour le tonus, déguisement dans le sac, quelques idées dans le coeur mais quoi?... Débauche de monde et d'alcool, le festin virant à la bataille rangée, des centaines d'euros de nourriture sur le sol, ambiance salle de garde et trash attitude. Pas envie de faire la conversation, je me force pourtant, aller vers les autres, je parle à d'autres internes, il n'y a que ça ici, ah et un délégué médical - mais qu'est-ce que vous faites ici vous êtes perdu? et des externes, pour changer. Je finis par danser avec S. et plus, sagement. Je suis bien dans ses bras, je me demande à quoi il pense et moi je ne veux penser à rien. Nous nous séparons. Je le retrouve plus tard et je l'entraîne dans le noir. Je ne sais pas ce que je cherche, juste profiter de l'instant, demain tout sera fini. J'aime bien l'embrasser, je sais que ça ne mène à rien, mais il a des baisers doux et puis besoin de tendresse. Interruption bis. Le reste de la soirée se passe sans qu'il fasse un pas vers moi. Tu t'imaginais peut-être que?... Idiote.
Au petit matin, j'aide à ranger, plus aucune envie de dormir, nous passons une heure à travailler de concert et j'évite son regard - ou lui le mien? J'écoute sans le vouloir sa conversation avec C. qui le cuisine, petit bilan de fin de soirée alors t'as pêcho qui? Je surprends son regard gêné, il sait bien que je ne suis pas loin, il me montre discrètement à C. et moi je sors pour ne pas entendre la suite. C'était juste comme ça, sans plus. Plus tard pourtant dans un couloir, envie de lui poser la question, juste pour savoir, mais les mots ne sortent pas et je croise seulement son regard. Il ne dit rien non plus, juste un geste tendre, doux - ça n'est pas de la tendresse quand on n'est des presqu'inconnus, baiser d'esquimaux, et il m'embrasse à nouveau. Juste comme ça.

On se dit au revoir et c'est un adieu j'en suis sûr. Il y a de la tristesse dans les lendemains de fête.

Ecrit par tchii, à 23:28 dans la rubrique "Quotidien".



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